OSCAR MICHEAUX - pionnier du cinéma afro-américain
Issu d'une généalogie d'esclaves et d'une famille de 13 enfants, Oscar Michaux a représenté pour le cinéma afro-américain une figure de proue dont Spike Lee a sûrement suivi les pas...
1901, nous sommes en tout début de siècle et Oscar Micheaux a 17 ans. Il fuit de chez ses parents pour rejoindre son frère qui est serveur à Chicago. Bien que sa mère soit institutrice, il reste né d'une famille d'esclaves et gagner sa vie dans ce monde de préjugés raciaux n'est pas facile... Il débute donc tout en bas de l'échelle (dans des parcs à bestiaux, des acieries ou comme cireur de chaussures) mais sa bonne éducation et son instruction lui permettent d'être engagé comme "boy" dans les chemins de fer, un emploi très recherché par les "Noirs" à cette époque car il était le seul tremplin de leur ascension sociale.
Là, en cotoyant tous ces gens riches, Micheaux découvre une sensation de liberté. Il voyage autant que son esprit voyage... Il économise alors le moindre dollar, démissionne et s'achète une ferme. Mais tout propriétaire qu'il est, il s'avère qu'il n'est pas un bon fermier, de plus une sécheresse le met sur la paille (oui je sais, facile celle-là) Intrigué par l'avènement de l'industrie cinématographique et de la richesse qu'elle procure, il décide en se basant sur sa vie personnelle de devenir écrivain/scénariste et qu'un jour, il finira peut-être par percer! En 1913, une 1ère réussite se profile à l'horizon : son 1er article apparaît dans le Chicago Defender, un hebdomadaire afro-américain alors très influent.
Sûr maintenant de son talent pour l'écriture, Micheaux écrit des nouvelles puis un roman ("The Homeleader") devient un best-seller. Ce dernier est lu par G.Johnson, directeur de la Lincoln Motion Picture Company à Los Angeles et il voudrait en faire une adaptation cinématographique. Refusant de céder ses droits d'auteur, Micheaux se dit qu'avec ses 1000$ en banque, il pourrait produire et diriger lui-même ce film faisant ainsi parti des "race movies". Et c'est ce qu'il fait en fondant la "Micheaux Films"! Alors qu'Hollywood renferme les Afro-Américains dans des rôles de chanteurs/danseurs ou servants, il fait exploser sur les écrans la vie de ses paires...
FILMS MUETS :
" THE HOMELEADER " - 1919 (film autobiographique)
" WITHIN OUR GATES " - 1920 (film sur les tensions raciales)
" BODY AND SOUL " - 1924 (un pasteur escroc)
" THE WAGES OF SIN " 1929 (film qui a été perdu)
FILMS PARLANTS :
" THE EXILE " - 1930 (amour d'un homme noir et d'une femme blanche)
FILMS musicaux, gangsters, drames et mélodrame :
Durant la Grande Dépression, Micheaux continue de tourner en une seule prise mais son petit studio a du mal à faire face à cette crise économique et lorsqu'il s'aperçoit que cela n'est plus rentable, il arrête le cinéma et retrourne à l'écriture.
Avec 44 films de 1919 à 1948, il n'eût de son vivant aucune reconnaissance cinématographique (la 1ère cérémonie des Oscars eût lieu en 1929) pourtant, Oscar aurait bien mérité un Oscar! C'est à la fin des années 80 que le Cinéma récompense son indéniable talent avec une étoile sur Hollywood Walk of Fame ainsi qu'avec un Prix cinématographique annuel portant son nom.